Il y a quelques mois, j’avais pour but de rejoindre la Moldavie en train. Après quelques jours de trajet, j’ai embarqué pour la dernière étape entre Bucarest (Roumanie) et Chisinau (Moldavie) à bord du Prietenia, le dernier train d’Europe équipé de voitures de l’ex-URSS. Voyage dans le temps garanti !
Fréquence, prix, où et comment réserver... Je réponds à toutes les questions que tu te poses à propos de ce train ci-dessous !
Pour monter à bord de ce train exceptionnel, il te faudra d’abord rejoindre la capitale roumaine. Tu trouveras justement sur notre site plusieurs itinéraires détaillés depuis Paris, Bruxelles, Lyon et Marseille.
Chaque jour, le train Prietenia (qui signifie "amitié" en roumain/moldave) relie les capitales respectives de Bucarest et Chisinau. Ce train représente un véritable lien d’amitié entre les deux pays qui, autrefois, ne formaient qu’un seul pays. C’est pour cette raison que le train est une vraie fierté pour les deux peuples même si, on ne va pas se le cacher, il existe des moyens bien plus rapides pour relier les deux pays. Mais ce train de nuit est sans doute le plus charmant et le plus dépaysant que j’ai pu prendre ces dernières années.
Le Prietenia juste avant son départ de Bucharest
Le train est opéré en coopération entre les chemins de fer roumains (CFR) et les chemins de fer moldaves (CFM) – le matériel moldave est attaché à l’arrière d’un train régulier en direction de Iasi à la frontière moldave. Une fois en Moldavie, le train est 100 % moldave.
Dès l’arrivée en gare, on voit que le train date d’une autre époque. Mais une fois à bord, c’est un retour d’au moins 50 ans en arrière : de la moquette partout, des rideaux brodés, une odeur de poussière réconfortante (rappelant la maison de votre grand-mère), des pots de fleurs accrochés à chaque fenêtre (oui, cela se faisait beaucoup à l’époque soviétique) ; c’est une ambiance complètement « Babushka » (grand-mère en Russe) à bord... le confort est acceptable. La literie quant à elle est elle aussi très rétro.
Literie très "Babushka"
Comme évoqué dans le titre, la nuit n’est pas des plus reposantes. En effet, vous serez très certainement réveillé une bonne partie de la nuit car vous subirez un contrôle d’identité par les douanes roumaines. Il faudra montrer son passeport et laisser la douane fouiller votre compartiment de fond en comble. Une fois ce contrôle douanier terminé, le train va changer ses roues ! Et oui, la Moldavie faisant partie de l’ex-URSS dispose de rails plus larges que le reste du monde (écartement des rails standard : 1435 mm – écartement soviétique : 1520 mm) et pour ce faire, après son passage à la frontière moldave, le train rentre dans un chantier spécialisé où chaque voiture est soulevée à l’aide de vérins, on y retire le bogie (chariot équipé de roues) pour ensuite placer un bogie qui correspond aux rails moldaves. C’est une opération qui prend environ une heure et il faut avoir le sommeil lourd pour ne pas être réveillé.
Changement de bogies en Moldavie
Une fois cette opération terminée, il faudra s’acquitter d’un nouveau contrôle de douane de la part des Moldaves. Même opération qu’avec les Roumains, mais avec un plus grand sourire cependant !
En tout, entre les deux opérations douanières et le changement de bogies, il faudra sacrifier deux heures de sommeil. Le train reprend son chemin vers Chisinau vers 4h30 du matin. Même si ce n’est pas le plus reposant, l’expérience reste complètement unique. Avant l’ère du tout TGV, les changements de bogies étaient quotidiens par exemple sur les trains de nuit reliant la France et la péninsule ibérique.
Le Prietenia roule tous les jours de l’année et les horaires changent rarement. Dans le sens Bucarest – Chisinau, le train quitte la capitale roumaine à 19 h 08 pour une arrivée à Chisinau le lendemain matin à 8 h 44.
Dans le sens Chisinau – Bucarest, le Prietenia part beaucoup plus tôt à 17 h 06 pour une arrivée à 6 h 35 à Bucarest.
Le passage de la frontière ainsi que le changement de bogie se font à une heure plus civilisée en allant vers Bucarest, je vous conseille donc de voyager dans cette direction pour une meilleure nuit à bord. Toute la manœuvre est terminée vers 23 h.
Au cas où vous envisageriez de visiter la région, le Prietenia s’arrête dans les gares suivantes : Buftea ; Ploiesti Sud ; Mizil ; Buzau ; Ramnicu Sarat ; Focsani ; Marasesti ; Adjud ; Bacau ; Roman ; Targu Frumos ; Iasi (frontière) Nicolina ; Ungheni Prut ; Ungeny; Kalarash
Le tarif standard vous coûtera 134 leu roumain (25 €) pour une place en voiture couchette (4 couchettes par compartiment), 155 leu roumain pour une cabine double en voiture-lits (34 €) et 282 leu roumain (61 €) pour une cabine privative en voiture-lits.
Pour réserver une place à bord du Prietenia, vous avez 2 options.
Les réservations ouvrent 30 jours à l’avance. Il faut cliquer sur EN en haut à droite pour l’anglais. Bucarest est répertorié comme Bucuresti. Chișinău est répertorié comme Chisinau. Il est possible de réserver le train dans les deux directions, les billets peuvent être imprimés ou affichés sur votre téléphone. Pour ma part, j’ai retiré mon billet dans un guichet en gare de Arad. Il est possible de retirer son billet dans n’importe quelle grande gare de Roumanie. Option proposée avant le paiement.
Les réservations ouvrent 30 jours à l’avance. Le site des Chemins de fer moldaves ne vend que des compartiments de 1ère classe à 2 lits, donc si vous voulez une occupation individuelle, il faut ajouter un enfant fictif.
Que ce soit à Bucarest ou à Chișinău, il est possible de réserver son billet en gare. Je vous conseille le guichet international de Bucarest, qui est assez efficace et parle anglais, contrairement à celui de Chișinău. Même à la dernière minute, il est possible de prendre un billet. Le train est très rarement complet (car il est long, même selon les standards roumains).
Le train est principalement composé de voitures couchettes, avec des compartiments regroupant quatre couchettes par compartiment. Chaque compartiment dispose de deux prises électriques type L donc compatible avec n’importe quel appareil français. Les compartiments ne sont pas climatisés (mais chauffés en hiver), il faudra donc ouvrir les fenêtres pour avoir de l’air frais. La literie est incluse à bord. Aucune prestation de restauration n’est incluse dans le ticket.
Chaque compartiment regroupe deux banquettes placées l’une en face de l’autre. On dort directement sur la banquette. C’est assez confortable surtout une fois que l’on a fait soi-même le lit, la literie se cache dans un coffre situé sous le lit (mention spéciale pour la literie très Babushka). Comme en voiture couchette, on y trouve deux prises type L. Compartiment non climatisé là encore. Aucune prestation de restauration n’est incluse dans le ticket.
Intérieur d'un compartiment de voiture-lits
Si vous n’avez rien prévu à manger, le Prietenia dispose d’une voiture- bar qui sert de nombreuses bières, vins, boissons chaudes et fraîches, et quelques snacks à emporter. Je me suis contenté d’une bière car j’avais déjà prévu de quoi avant d’embarquer. Néanmoins, j’ai eu la chance de discuter au bar avec un ancien membre de la légion étrangère qui draguait la serveuse du bar. C’était un échange assez mémorable.
Voiture bar du Prietenia, avec notre dragueur de serveuse