Voyager autrement : le rôle des influenceurs sur les réseaux sociaux

Écrit par Sophie Renassia

Publié le 15 décembre 2024

Vidéos de voyages au bout du monde, jeux concours pour gagner des billets d’avion, promo sur des city trips en vol low cost… Chaque jour, ces contenus inondent la toile. Pourtant, à l’heure de l’urgence écologique, les influenceurs ont un rôle clé à jouer pour inspirer de nouveaux imaginaires autour du voyage (surtout auprès d’une audience jeune, la première génération qui devra vivre durablement avec les défis climatiques). C’est notamment ce qu’ont fait Céline (alias Iznogood), et César (alias César Culture G), en partageant avec leur audience leurs incroyables voyages en train, respectivement jusqu’en Asie et jusqu’au cercle polaire !

Voyage et écologie : l’impact des créateurs de contenu

La story de cet influenceur qu’on apprécie, la photo de cette créatrice que l’on suit depuis des années, la petite phrase anodine de notre Youtubeur favori… Qu’on en ait conscience ou non, les contenus qui défilent sur nos écrans influencent largement nos choix.Parmi les domaines où cette influence est déterminante, il y a (on te le donne en mille) le tourisme :

• Un tiers des Français se disent influencés par les réseaux sociaux pour choisir leur prochaine destination de voyage (une influence d’autant plus marquée chez les jeunes : plus de 50 % des 18-34 ans).
• 84 % des utilisateurs des réseaux sociaux consultent les profils d’influenceurs voyage avant de choisir leur destination !

Dans ce contexte, les influenceurs ont un vrai rôle à jouer pour transformer nos imaginaires et rendre le voyage bas carbone plus désirable. À l’heure de l’urgence climatique, il est plus nécessaire que jamais de montrer qu’une autre façon de voyager est possible (et enviable !). C’est d’autant plus vrai quand on sait qu’un simple aller-retour Paris-Barcelone en avion émet en moyenne 23 fois plus de gaz à effet de serre que le même trajet en train, et que les émissions de CO2 du secteur aérien ne cessent d’augmenter depuis 30 ans…

Pour mieux comprendre l’impact écologique de l’avion et les enjeux de l’aérien, tu peux faire un tour sur les articles suivants :
- Décarbonation de l'aérien : quand les idées reçues prennent du plomb dans l’aile
- Avion vert : mythe ou réalité ? La réponse d’Aurélien Bigo.
- Train VS avion : Jancovici nous en dit plus

Un grand pouvoir impliquant de grandes responsabilités (même que c’est l’oncle Parker qui l'a dit), de plus en plus de créateurs ont compris que pousser une large audience à prendre l’avion revenait potentiellement générer des milliers de tonnes de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère. Et grâce à eux, de nouveaux récits de voyage se fraient timidement un chemin dans nos fils d’actualité, entre deux publicités pour des vols low cost, jeux mis en avant de city trips de 3 jours en avion et photos de destinations “instagrammables” à l’autre bout du monde…

L’exemple de Céline (Iznogood) : un tour du monde sans avion

Parmi ces créateurs de contenu, il y a Céline, alias Iznogood sur Instagram, qui est venue raconter son tour du monde sans avion dans le dernier épisode de notre podcast Je t’offre un rail ?, réalisé avec le soutien de SNCF Connect. Avec près de 100 K abonnés sur les réseaux sociaux, elle a choisi de mettre son influence au service de la mode éthique et de la consommation responsable.

Au micro de Lisa, elle nous partage le projet fou qu’elle a entrepris en 2019 avec son compagnon David, après avoir vendu leur maison et dit au revoir à leur famille et leurs amis. "Nous sommes partis avec un simple sac à dos pour traverser le monde sans avion, et sans aucune date de retour", explique-t-elle. Une incroyable aventure qui, même si elle a été contrariée par une certaine pandémie mondiale, lui a laissé des souvenirs indélébiles.

"Le voyage sans avion nous a appris à vivre avec moins, à apprécier la lenteur et à construire des relations plus authentiques avec les gens et les lieux."

Ce voyage en train, qu’elle a documenté pour son audience, les a fait traverser l’Europe, la Russie, l’Asie du sud-est (Laos, Thaïlande…), la Chine (où ils ont participé à des activités agricoles et de permaculture) ou encore la Mongolie (qu’ils ont parcourue à vélo pendant cinq semaines). "Nous voulions que chaque étape ait un sens et limite notre empreinte", raconte-t-elle. Sur leurs rencontres improbables, elle ajoute : "Chaque soir, en Mongolie, des nomades venaient taper à notre tente. C’était une expérience incroyable de partage malgré les barrières linguistiques."

Son top 3 des trains les plus fous : le célèbre transsibérien (“pour cette expérience complètement folle et hors du temps, ce paysage qui défile et qui ne varie pas pendant 4 jours, et les rencontres et discussions qu’il permet’), un train de nuit en Mongolie (“comme c’est très peu confortable, personne ne dort et ça nous a permis de faire une très belle rencontre : un jeune Mongol qui étudiait à l’université.”) et le train de nuit Bangkok-Shangaï (“le meilleur qu’on ait jamais fait : on regarde le paysage passer et on est tranquille dans notre petite capsule personnelle, rideau tiré”).

Pour elle, voyager sans avion n’est pas seulement un choix écologique : "Voyager lentement, c’est accepter que le chemin soit tout aussi important que la destination.” Désormais, elle rêve de voyage à vélo jusqu’en Grèce, de voyage en train jusqu’en Turquie et d’une traversée transatlantique pour découvrir le continent américain.

Ouvrir la voie : ces influenceurs qui transforment nos imaginaires

Parmi ceux qui partagent leurs voyages bas carbone, on peut citer des influenceurs comme Victoria Guillomon (alias “Nouvel Œil”), qui est passée derrière notre micro pour nous raconter son projet de voyage en train jusqu’en Inde avec Johan Reboul (alias “Le Jeune Engagé”, qui met lui aussi régulièrement en avant ses voyages sur les rails), ou encore Arthur Aubœuf (cofondateur de Team for the Planet, très actif sur Linkedin), qui nous a raconté son voyage en train jusqu’à Budapest.

Mais quid des autres influenceurs, au-delà de la sphère écolo ? Ceux dont la ligne éditoriale habituelle ne gravite pas autour de l’écologie et dont l’audience n’est pas forcément sensible à ces enjeux ? Eh bien là aussi, certains montrent l’exemple en partageant publiquement une autre autre manière de voyager.C’est le cas de César, alias “César Culture G” sur les réseaux sociaux - suivi par plus d'un million de personnes sur Instagram - qui s’est rendu au Cap Nord (cercle polaire) en train ! Un incroyable voyage qu’il nous raconte au micro de Benjamin :

Pour lui, "voyager en train reste un privilège économique mais c’est une expérience à la fois enrichissante et transformative." Les contenus qui documentent ce voyage ont d’ailleurs battu des records de vues, preuve que le sujet intéresse une large audience.

"Évidemment, on a un rôle à jouer quand on a des milliers de personnes qui nous suivent. (...) Ce qui est chouette, c’est qu’on peut donner envie à des milliers de personnes de penser différemment, d’agir différemment, en partageant notre expérience.”

Mentionnons aussi McFly et Carlito, figures phares de YouTube en France avec leurs 7 millions d’abonnés, qui ont invité Jean-Marc Jancovici à deux reprises pour discuter de solutions climatiques et expliquer comment calculer son empreinte carbone. Ou encore la mannequin et influenceuse Charlotte Lemay (alias “Chamellow” sur Instagram), qui a préféré traverser l’Europe en train plutôt que de voyager en avion.

Vers une influence responsable : créer de nouvelles normes ?

Les réseaux sociaux ont cette capacité unique à façonner les tendances et moduler les normes sociales. La preuve en est avec la tendance du flygskam (honte de prendre l’avion) qui a émergé en Suède. Montrer un trajet en train à couper le souffle à travers les Alpes, des slow-trips en Europe ou un périple en train pour voir les aurores boréales à Abisko, c’est aussi montrer qu’une autre forme de voyage est possible. C’est souffler aux algorithmes que ces contenus trouvent un écho et, in fine, redessiner les codes du voyage.

Comme le souligne notre fondateur Benjamin dans l’épisode de podcast avec César Culture G : “le but n’est pas du tout d’inciter à arrêter de voyager - continuons à voyager et à kiffer ! - mais d’encourager à le faire de manière différente.” C’est d’ailleurs la démarche qu’il a lui-même entreprise il y a 4 ans en tant qu’influenceur voyage (@Globetolter), lorsqu’il a décidé d’arrêter les voyages en avion pour s’aligner avec ses convictions écologiques.

Et même si l’impact de ces initiatives reste marginal face au poids de l’industrie touristique, il s’agit d’un signal porteur d’espoir. Alors en attendant que les plus gros influenceurs rejoignent nos rangs pour faire du slow travel “the new cool”: et si, en tant qu’audience, on prenait l’habitude de valoriser les créateurs qui ouvrent la voie ?

Pour ne rater aucun épisode et faire le plein d’inspiration avec nos invités, n'hésite pas à t’abonner au podcast sur tes plateformes d’écoute préférées. Merci à notre partenaire SNCF Connect, l'application de référence pour le train et les mobilités durables qui accompagne plus de 15 millions d'utilisateurs dans leurs déplacements en France et en Europe.