Tu cherches des conseils pratiques, des retours d’expérience et une bonne dose d’inspiration pour ton prochain voyage en train ? Installe-toi confortablement et mets tes écouteurs dans les oreilles : embarquement immédiat pour “Je t’offre un rail ?”, le podcast qui va te rendre accro au train !
Ces dernières années, Jean-Marc Jancovici s'est imposé comme l’une des voix les plus influentes sur les questions liées au climat et à l’énergie. Parmi ses nombreuses casquettes, il est le cofondateur et dirigeant de Carbone 4, dont la mission est de confronter les entreprises à leur impact sur le climat ; président de l'association The Shift Project, qui intervient de le débat public sur les questions de décarbonation (et à qui l'on doit l'ouvrage Le plan de transformation de l'économie française) ; auteur de la BD best-seller Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique illustrée par Christophe Blain ; mais aussi conférencier, auteur ou encore professeur...
Tolt a eu l’honneur de lui tendre son micro pour notre podcast Je t'offre un rail ?. Durant un peu plus de 45 minutes, ils ont parlé de mobilité durable, de décarbonation du voyage, de sobriété délibérée, de son rapport au train, de l'avenir du secteur aérien, mais aussi de ses voyages en train et d'anecdotes plus personnelles. Un épisode passionnant à découvrir ci-dessous. Bonne écoute !
La position de Jean-Marc Jancovici (qui ne prend plus l’avion depuis 20 ans) est claire. La décarbonation du voyage passera par une réduction drastique de l’usage de l’avion, qui doit être réellement apprécié lorsqu’aucune alternative n’existe, et non utilisé comme un mode de transport fréquent et banal. Il a notamment provoqué un débat en évoquant l’idée de limiter à quatre le nombre de vols par personne au cours de sa vie. Cette proposition choc, avant tout symbolique, vise surtout à illustrer la nécessité de réduire la part du transport aérien dans les déplacements individuels.
« Si l'aviation doit prendre sa part dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre, alors il faudra réduire les vols. C’est comme ça que j'en suis arrivé à cette idée de quatre vols par vie. »
Avant d'être énoncée dans Le plan de transformation de l'économie française (PTEF), cette proposition choc était une simple réponse à Léa Salamé sur le plateau de France Inter, en réponse à sa question sur le nombre de vols qui devrait être autorisé par personne.
Son calcul : si l'aviation doit prendre sa part dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme les autres secteurs, elle doit réduire ses émissions de 5%. En calculant la quantité de kérosène qu'il devrait rester en 2050 pour "faire voler équitablement les gens", et en la répartissant entre les 8 milliards de Terriens, il en arrive au chiffre de 4 vols par vie. Ce résultat est donc “une contrepartie à deux hypothèses”: 1) que l'aviation prenne sa part dans la réduction des GES, et 2) que les émissions soient divisées par 3 d'ici 2050.
Comme le souligne le chercheur spécialiste de la décarbonation des transports Aurélien Bigo (que nous avons également reçu à notre micro), les déplacements longues distances pourraient être résumés ainsi : la moitié sont réalisés en avion, et l'autre moitié en voiture.Autrement dit, on prend moins l'avion que la voiture, mais lorsqu'on prend l'avion, c'est pour des distances beaucoup plus longues.
Dans cette équation pour la mobilité longue distance, il identifie 2 catégories :
Aujourd'hui, la moitié des vols en avion sont dus à seulement 1 % de la population des pays occidentaux ! Jean-Marc Jancovici plaide donc pour une répartition plus équitable des émissions de CO2 dans ce secteur, qui profiterait à tous plutôt qu’à une élite.
Pour une approche plus démocratique, il imagine un système "qui ressemblerait à ce que les grecs avaient instauré pour leurs élites" : 1 ticket par personne, "riche ou pauvre", pour faire le tour du monde et revenir avec des souvenirs pour la vie.
Quant aux solutions technologiques, il est formel : "je ne crois pas à 4 milliards de "vols verts" par an. Quelques millions peut-être mais pas 4 milliards..."
Pour aller plus loin : rendez-vous sur notre article “Décarbonation de l'aérien : quand les idées reçues prennent du plomb dans l’aile”.
Et quand bien même on refuserait collectivement cette sobriété, il y a un sujet se présentera à nous qu’on le veuille ou non selon Jean-Marc Jancovici : celui du pétrole, qui n'est pas éternel (le secteur aérien consommant aujourd'hui 10 % du pétrole dans le monde).
“Je ne suis pas du tout pour que les gens ne bougent pas de chez eux ! Prôner l'absence de dépaysement ou de mobilité, ça n'a pas de sens."
Pour Jean-Marc Jancovici, si voyage rime avec rêve et dépaysement, nul besoin d’être “condamné à prendre l’avion” pour ça !
« Ce qu’il faut changer, c’est l’idée que la satisfaction d’un voyage est proportionnelle au nombre de kilomètres parcourus. Le voyage le plus dépaysant est souvent le plus lent. »
En ce qui le concerne, cet amateur de voile estime par exemple que découvrir la Corse après une traversée en bateau, “c'est beaucoup plus fort qu'une arrivée à l'aéroport”. Et si ces émotions fortes et ce goût d’aventure étaient à portée de main ?
« Le train, c'est une espèce de salon sur roulettes. C'est confortable, on peut y lire, travailler, écouter de la musique, et même rencontrer des gens. C’est un mode de transport où l’on ne perd pas son temps. »
Pour Jancovici, non seulement le train est le moyen de transport le plus confortable, mais c’est aussi le plus soutenable pour décarboner les voyages.
« Le futur du transport, c’est de tripler le trafic ferroviaire pour des trajets de plus de 80 kilomètres en 30 ans. Le train doit devenir l'alternative incontournable à l’avion pour décarboner nos déplacements. »
Dans le cadre du PTEF du Shift Project, une priorité est donc donnée à l’augmentation du trafic ferroviaire. Même si cela nécessitera des investissements massifs dans les infrastructures et le matériel roulant, l’association estime qu'il est possible de tripler le trafic en 30 ans, notamment sur des trajets de plus de 80 km, tout en réduisant les émissions de CO2 !
L’ingénieur en est convaincu, cette expansion est soutenable sur le long terme. Et pour cause, le rapport entre la quantité de matériaux nécessaires à la construction de rames et l’usage fait du train est bien plus avantageux que pour la voiture ou l’avion ! Sans compter que la durée de vie et la faible empreinte écologique du train en font une solution bien plus durable.
Quant aux emplois du secteur aérien, Jean-Marc Jancovici est plutôt optimiste sur le transfert de compétences vers le ferroviaire.
Selon lui, le développement du ferroviaire passera d’une part par une offre compétitive (à l’image du Paris-Marseille qui a considérablement réduit le trafic aérien sur cet axe), et de l’autre par un réel désir de prendre le train. Et pour en arriver à la sobriété délibérée (choisir intentionnellement le train plutôt que l'avion pour un même trajet) et non subie, il souligne une valeur très chère à HOURRAIL ! : il faut avant tout "susciter l'envie" (plutôt que montrer du doigt). Et c'est bien ce qu'on espère faire avec notre média !
Merci à notre partenaire SNCF Connect, l'application de référence pour le train et les mobilités durables qui accompagne plus de 15 millions d'utilisateurs dans leurs déplacements en France et en Europe !
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