Les Jeux Olympiques de Paris 2024 étaient présentés comme une édition résolument tournée vers la durabilité, avec un objectif clair : réduire de 50% leur empreinte carbone par rapport aux éditions précédentes. Affichant une ambition de 1,58 million de tonnes de CO2e, soit deux fois moins que les Jeux de Londres en 2012 et trois fois moins que ceux de Rio en 2016, Paris 2024 promettait d’être les Jeux les plus écologiques de l’histoire. Mais la réalité semble plus nuancée, remettant en question cet objectif ambitieux.
Malgré les efforts déployés pour minimiser l’empreinte carbone, notamment grâce à l'utilisation d'infrastructures existantes et à une gestion plus rigoureuse des ressources, certains aspects critiques viennent ternir ce bilan. Le principal problème, et de loin le plus significatif, concerne les déplacements aériens des spectateurs. Estimés à 1,1 million de tonnes de CO2e, ces déplacements n'ont pas été inclus dans les calculs officiels de l’empreinte carbone des Jeux. En ajoutant ces émissions, l’empreinte totale pourrait dépasser les 2 millions de tonnes, bien au-delà de l’objectif initial fixé par le comité d’organisation.
Cette omission soulève une question cruciale : les Jeux Olympiques tels que nous les connaissons aujourd'hui peuvent-ils perdurer dans une société qui doit absolument réduire sa dépendance aux hydrocarbures ?
©Théo @theofficiellement
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont attiré l'attention de plusieurs grands sponsors, dont certains sont en contradiction flagrante avec les promesses écologiques de l'événement. Parmi ces sponsors officiels, on retrouve des géants tels que Coca-Cola, Visa, et Airbnb. Bien que leur soutien financier soit crucial pour la tenue des Jeux, leur implication soulève des inquiétudes majeures en matière de durabilité et d'équité sociale.
Coca-Cola, par exemple, en tant que sponsor mondial, est omniprésent dans les sites olympiques avec ses boissons et produits promotionnels. Cette visibilité massive est problématique sur le plan environnemental, principalement en raison des déchets plastiques générés par ses emballages. Il est important de rappeler que Coca-Cola est régulièrement désigné comme le plus grand pollueur plastique au monde, une réalité qui contraste fortement avec les ambitions écologiques affichées par les organisateurs des Jeux.
De même, le Groupe BPCE, sponsor officiel, suscite des critiques importantes. En effet, cette banque est le quatrième plus grand soutien financier aux entreprises du secteur pétrogazier, une industrie directement responsable de l'aggravation du changement climatique. Cette association compromet sérieusement la crédibilité des engagements environnementaux des Jeux Olympiques et soulève des doutes sur la capacité de l'événement à se défaire des influences des grands pollueurs à l'avenir.
Ces partenariats questionnent la cohérence des promesses écologiques des Jeux Olympiques de Paris 2024, et posent un défi à la crédibilité de l'événement en matière de développement durable. Si les Jeux souhaitent vraiment incarner un tournant vers un avenir plus respectueux de l'environnement, ils devront repenser leur dépendance aux sponsors dont les pratiques vont à l'encontre de ces objectifs.
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Les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont également révélé des réalités sociales troublantes, souvent éclipsées par l’euphorie de l’événement. L'un des grands défis de ces Jeux a été de maximiser l’utilisation des infrastructures déjà existantes, avec l’objectif affiché d’utiliser 95% des installations sportives disponibles dans la région. Si cet objectif semblait louable en surface, il a en réalité nécessité un processus de "nettoyage social" dans plusieurs quartiers de Paris.
Pour préparer la ville à accueillir les compétitions et les visiteurs du monde entier, de nombreuses familles à faibles revenus ont été déplacées de force. Les logements sociaux et les espaces communautaires, comme certaines associations et logements étudiants, situés à proximité des installations réquisitionnées, ont souvent été vidés pour faire place aux zones olympiques ou pour faciliter l’accès aux sites. Ce déplacement forcé a exacerbé les tensions sociales et contribué à la gentrification de quartiers déjà sous pression. Les habitants, souvent marginalisés, ont vu leurs vies bouleversées au nom de l’optimisation des Jeux, un sacrifice rarement évoqué dans les bilans officiels.
Cet aspect des Jeux, symbolisant une fracture sociale profonde, rappelle que, malgré l’effort d’inclusion affiché, ces événements globaux continuent de renforcer les inégalités au lieu de les réduire.
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Face à ces contradictions, des experts, tels que ceux du groupe The Shifters, ont proposé des initiatives pour réellement réduire l’empreinte carbone d’un événement d’une telle envergure. Parmi ces idées, la création de fan-zones décentralisées, réparties sur différents continents, pourrait attirer des spectateurs localement, réduisant ainsi la nécessité de longs déplacements en avion. Cette solution pourrait non seulement diminuer les émissions de CO2e, mais aussi permettre une participation plus inclusive, en rapprochant les événements des fans à travers le monde.
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Malgré ces nombreux défis, il est indéniable que les Jeux Olympiques de Paris 2024 ont réussi à rassembler des millions de personnes autour d’une passion commune pour le sport. Les exploits des athlètes, les moments de joie partagée, et l’effervescence des célébrations resteront dans les mémoires comme des moments d’unité et de fête. Cet événement a permis, l’espace de quelques semaines, de mettre de côté les divisions pour célébrer ensemble l’excellence sportive.
Toutefois, à l’heure du bilan, il est essentiel de réfléchir aux leçons à tirer de cette édition. Si ces Jeux ont su nous réunir, ils ont également montré que de nombreuses améliorations sont nécessaires pour que de tels événements soient véritablement durables et équitables. L’avenir des manifestations mondiales devra prendre en compte ces enseignements pour garantir qu’elles ne soient plus marquées par les excès, mais qu’elles deviennent des modèles de respect de l’environnement et de justice sociale.
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Sources :
https://www.theshifters.org/publications/jo2024-fan-zones/
https://ecoyako.fr/impact-ecologique-des-jo-2024-quel-bilan-a-deux-semaines-du-debut-des-jeux/
https://reporterre.net/JO-2024-un-bilan-carbone-plus-lourd-que-prevu