Dans le 39e épisode de notre podcast Je t’offre un rail ?, réalisé avec le soutien de SNCF Connect, Lisa reçoit Célia de Twomorrow Project. Avec ce média et studio de communication, Célia Poncelin et Léo Primard se sont donnés une mission : vulgariser les enjeux climatiques et encourager les engagements individuels et collectifs. Après un livre (sur leur tour d'Europe de 5 mois pour explorer des solutions écologiques) et un podcast (pour comprendre les enjeux des secteurs les plus émetteurs), le couple s'est lancé un nouveau défi : réaliser un documentaire !
Avec (In)action! (dont la sortie est prévue sur petit et grand écran en 2025), un objectif : décrypter les mécanismes de l’inaction climatique pour s’engager. Et pour rester cohérents jusqu’au bout, ils ont décidé de réaliser leurs tournages en Europe sans avion, de Londres à Biarritz en passant par Amsterdam ! Défis logistiques, budget, avantages… Immersion dans les coulisses du projet.
Le grand écran est malheureusement un grand émetteur : en France, les industries audiovisuelles émettent 1,7 million de tonnes de CO2 chaque année, soit l'empreinte annuelle de 190 000 Français. En d’autres termes, rien que sur notre territoire, le bilan annuel de l’industrie est comparable à un million de vols aller-retour Paris-New York…
D’après le think tank The Shift Project, pour un long métrage français, l’empreinte carbone moyenne s’élèverait à 750 tonnes de CO2eq. Si ces chiffres varient selon les sources et les types de productions, ils nous donnent une idée de l'ampleur de l'impact environnemental d'un tournage (750 tonnes de CO2eq, c’est environ 750 vols aller-retour entre Paris et New York !).
En cause ? La consommation d'énergie (groupes électrogènes, projecteurs), la construction des décors, l'alimentation sur le plateau… mais également les déplacements du matériel et des équipes. Heureusement, l’industrie commence à prendre conscience de son impact. Depuis le 1er janvier 2024, il est obligatoire de calculer son bilan carbone pour obtenir une subvention du CNC.
Pour leur documentaire, Célia et Léo ont ainsi collaboré avec A Better Prod, une entreprise spécialisée dans le calcul d’empreinte carbone pour les productions audiovisuelles, et ont pris une décision radicale : ne pas prendre l’avion.
Pour Célia et Léo, choisir le train comme unique moyen de transport était une évidence : "Faire un film sur l’environnement en prenant l’avion, c’était hors de question", explique Célia. Le tournage a traversé plusieurs pays européens, du Royaume-Uni à la France en passant par les Pays-Bas, tout en respectant leur engagement écologique.
Mais ce choix a un coût : "Pour un déplacement de 8 personnes à Londres, l’avion coûtait 800 euros, le train 2 300 euros…", raconte Célia. "Sur 16 jours de tournage, cette différence s’est chiffrée en milliers d’euros supplémentaires." Un coût non négligeable, même si le couple a refusé jusqu’au bout de faire des concessions et de compromettre la crédibilité du message pour prendre l’avion.
Une belle surprise a cependant marqué ce tournage : en avril dernier, alors que Célia dénonce cette différence de prix sur LinkedIn, une personne réagit en lui proposant de sponsoriser son projet à hauteur de 1300 euros pour que son équipe puisse prendre le train !
Au total, avec un budget de 160 000 € (grâce notamment à une campagne de crowdfunding, des sponsors privés et des demandes de subvention), le documentaire a mobilisé une dizaine de professionnels. "Tout le monde partageait nos valeurs, même si cela demandait un effort supplémentaire", reconnaît Célia.
Côté inconvénients, il y a donc le coût, qui a représenté un poste de dépense important. “Il faudrait rendre le train plus accessible… Mais le récent rapport du Réseau Action Climat (ndlr : dont on te parle dans cet article), montre très bien comment la décarbonation des transports doit passer par le voyage en train.”
L’organisation du tournage a également impliqué une planification minutieuse. "Parfois, nous avions dix réservations différentes sur l’application SNCF Connect, un sacré casse-tête.” Une planification qui peut occasionner quelques ratés, comme à Amsterdam, où Célia s’était trompée sur la date d’un billet ("heureusement, le contrôleur m’a laissé monter à bord et j’ai pu trouver une solution, c’était un soulagement dans ce marathon logistique”).
Pourtant, pour Célia, le constat est sans appel : le train a “bien plus d’avantages que d’inconvénients” :
Célia et Léo ont structuré le film en 3 parties pour comprendre les principaux freins au changement (et comment les lever !) :
“Pour chaque partie, on a pris une personne de notre famille qui n’est pas engagée pour le climat, et on l’a amenée avec nous pour rencontrer une personne qui a une forme surprenante d’engagement. Issues de différentes générations, ces personnes illustrent les différentes idées et excuses qu’on peut se donner face à l’urgence climatique.”
Pour appuyer le propos avec une démarche scientifique, le film est également ponctué d’interviews de chercheurs (“notamment un chercheur en psychologie qui nous a parlé du rôle des émotions : la façon dont on les ressent va nous figer dans l’inaction ou au contraire nous pousser à l’action !”).
“On se dit souvent que c’est la faute de notre cerveau et qu’on n’est pas fait pour agir. C’est une idée reçue qu’on a malheureusement beaucoup entendue dans les médias et qui est fausse. C’est vrai qu’on a des biais cognitifs, mais en réalité on peut facilement les dépasser en les connaissant. En réalité, on se donne surtout des excuses, comme un mécanisme de défense pour minimiser la charge émotionnelle : c’est la faute des autres, faire des efforts coûte trop cher, etc.”
Pour dépasser ces excuses, Célia et Léo nous invitent à nous rendre compte du poids des normes sociales. “Notre société est construite autour des énergies fossiles, de la voiture individuelle, etc. Il va falloir réinventer nos façons de faire, et pour ça, on a besoin de personnes assez courageuses dans tous les groupes sociaux pour infuser le changement. Pour montrer que c’est possible et enviable, jusqu’à créer des points de bascule au sein de chaque groupe social !”
Comme nous, Célia est convaincue que le changement viendra de l’inspiration. À titre personnel, elle a par exemple réalisé un voyage en train jusqu’à Budapest (Hongrie) avec ses proches en passant par la Roumanie.
“Le fait d’expérimenter le voyage en train permet de se rendre compte qu’on peut aller très loin ! Avant, ces pays me paraissaient hyper loin, mais finalement j’ai l’impression de n’avoir même pas eu le temps de faire tout ce que j’avais envie de faire dans train.”
Avec ce voyage, elle peut ainsi montrer à sa famille qu’on peut traverser l’Europe très facilement en train (seulement 3 trains : Paris-Vienne (Autriche), Vienne-Bucarest (Roumanie), Bucarest-Budapest (Hongrie) et les inspirer à faire de même. D’ailleurs, cette expérience lui a elle-même donné d’autres envies voyages : des vacances en Écosse en train, ou encore le Japon sans avion…
Comme le conclut Célia : "Le plus grand défi, c’est de montrer qu’il est enviable de faire autrement." Et avec ce tournage, le couple prouve que le train peut être bien plus qu’un simple moyen de transport. Pour suivre les projets de Célia et Léo, rendez-vous sur le compte compte Instagram et le site Internet de Twomorrow. Et en attendant la sortie du film (In)action! en 2025, on t’invite à découvrir le livre et le podcast Twomorrow !
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