T’endormir dans le Pays basque français pour te réveiller le lendemain au cœur de la capitale portugaise ? Comme nous, l’idée te fait peut-être rêver. Ces derniers temps, le bruit court justement d’un retour du train de nuit Hendaye-Lisbonne en 2025, 5 ans après son interruption. Une annonce qui a de quoi enthousiasmer quand on sait que Lisbonne reste, avec Athènes, l’une des rares capitales européennes sans liaison internationale. Pourquoi faut-il prendre cette annonce avec des pincettes ? Une réouverture prochaine est-elle réellement possible ? On t’explique tout !
Exploité par la compagnie nationale espagnole Renfe, le train - connu sous le nom de “Sud-Express” en France et “Sud-Expresso” au Portugal - est l’un des plus anciens services ferroviaires internationaux en Europe. Jusqu’en 2020, elle reliait Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques (à la frontière franco-espagnole), à Lisbonne. En 14 heures environ, la ligne parcourait plus de 800 km et arrivait dans la capitale portugaise après avoir desservi une vingtaine de villes en Espagne (Saint-Sébastien, Burgos, Valladolid, Salamanque…) et au Portugal (Guarda, Coimbra, Entroncamento…).
Un moyen très pratique de rejoindre le Portugal depuis la France, puisque la ville d’Hendaye se trouve à 2h de Pau, 2h30 de Bordeaux, 4h30 de Toulouse ou encore 4h30 de Paris en train.
L’histoire de la Sud-Express remonte à 1887. Lancée par la Compagnie Internationale des Wagons-Lits (CIWL), la ligne relie à l’origine Paris à Irun (Espagne), avec des correspondances pour les capitales espagnole et portugaise. L’année suivante, des voitures directes pour Lisbonne sont ajoutées. La ligne devient alors une alternative de choix au bateau pour rejoindre le Portugal.
En 1945, après une interruption durant la Seconde Guerre mondiale, la ligne reprend du service. Mais avec la concurrence de l’aviation, le Sud-Express cesse finalement de relier Paris à Lisbonne en 1989, se limitant désormais à Hendaye-Lisbonne. Dans les années 1970, l’histoire de la ligne est également marquée par une innovation technique majeure : en raison de la différence d’écartement des voies entre la France et l’Espagne, les bogies des voitures-couchettes sont changés à Hendaye sans que les passagers aient à descendre du train.
La gare Oriente à Lisbonne
En mars 2020, nouvelle suspension dans l’histoire de la ligne, cette fois pour cause de pandémie mondiale… Une suspension qui arrive dans un contexte d'essoufflement pour la ligne. Avec la libéralisation du marché aérien et l’essor des compagnies low-cost, le train de nuit a peu à peu perdu de son attrait commercial. Résultat : après avoir réduit leurs offres, l’épidémie de Covid-19 a convaincu les opérateurs de suspendre la ligne. Et depuis, pas de réouverture à l’horizon, malgré un projet de relance en cours de discussion.
Si la compagnie espagnole n’a pas annoncé de reprise du trafic, Le Portugal, lui, a récemment annoncé son intention de relancer dès le premier semestre 2025 les mythiques trains de nuit Sud-Express (train de nuit Hendaye-Lisbonne) et Lusitânia (train de nuit Madrid-Lisbonne, lui aussi interrompu en 2020).
“Le gouvernement portugais approfondit les négociations avec le gouvernement espagnol pour la réactivation, au cours du premier semestre 2025, des services de trains de nuit Lusitânia et Sud-Expresso, par l’intermédiaire des compagnies ferroviaires CP – Comboios de Portugal, E.P.E. et Renfe” - Extrait de la proposition du parti portugais Livre visant à rétablir les trains de nuit internationaux, approuvée par le parlement portugais
Une proposition qui va dans le sens de la tendance actuelle, à la renaissance des trains de nuit en Europe. En effet, depuis quelques années, les trains de nuit ÖBB, European Sleeper ou encore SNCF ont le vent en poupe chez les voyageurs ! Toutefois, malgré cet enthousiasme, rien ne garantit une réouverture prochaine…
Sur le papier, l’annonce a de quoi faire rêver. Et d’autant plus quand on sait qu’en Europe, Lisbonne reste l’une des rares capitales européennes à ne pas être desservie par les lignes ferroviaires internationales ! Mais en pratique, la réalité est plus complexe.
D’abord, en ce qui concerne les deux principaux concernés :
Ensuite, d’un point de vue technique, le matériel roulant pose également problème. Les trains utilisés avant 2020 ont en effet été revendus ou abandonnés dans des dépôts, et remettre ce matériel en état requiert beaucoup de temps et d’argent.
Enfin, les gouvernements semblent avoir d’autres priorités, notamment le développement de liaisons à grande vitesse sur des axes plus fréquentés. Selon The Portugal News, l’Espagne et le Portugal ont en effet annoncé la construction d’une ligne à grande vitesse entre Madrid et Lisbonne d’ici 2030.
À ce jour, rien ne garantit donc que les gouvernements iront jusqu’au bout et, quoi qu'il arrive, cela prendra sûrement du temps. Par exemple, il aura fallu attendre pas moins de deux ans et demi pour voir le train à grande vitesse Paris-Berlin circuler, malgré une volonté politique bien plus évidente de l'ensemble des parties prenantes. Heureusement, il existe tout de même des alternatives pour te rendre à Lisbonne sans avion ni voiture, et notamment via un bus de nuit Hendaye-Lisbonne !
Quoi qu’il en soit, on croise les doigts pour que le projet voie le jour et on te préviendra des évolutions dans notre newsletter bimensuelle. N’hésite pas à t’abonner pour être tenu au courant !
Et en attendant, de nombreuses nouvelles lignes arrivent (vraiment) en Europe. Plus d’infos dans cet article : “10 nouveaux trains qui vont révolutionner nos voyages” !