Voyage en train et à vélo : les conseils de Bertrand et Marion, de Paris à Tokyo sans avion

Écrit par Sophie Renassia

Publié hier

Préparer un voyage longue durée à vélo et en train nécessite un peu d’organisation, une flexibilité à toute épreuve et surtout une grande curiosité. Et de la curiosité, Bertrand et Marion (alias Blobtrotteurs) en ont beaucoup. Ensemble, ils ont voyagé durant 22 mois, de Paris à Tokyo aller-retour, à vélo et en train. Un périple exceptionnel qui leur a fait traverser 27 pays, pédaler 16 500 kilomètres, et parcourir 30 000 kilomètres en transports en commun, et qu’ils sont venus nous raconter derrière le micro de Je t’offre un rail ?, le podcast qui va te rendre accro au train, en partenariat avec Chapka, l'assurance voyage pour partir l'esprit tranquille. Retour sur leurs meilleurs conseils pour se lancer dans une telle aventure !

© Blobtrotteurs - L'incroyable périple de Bertrand et Marion

Avant de partir : l’organisation du voyage

Planifier les documents et formalités

Partir sur un long périple implique quelques formalités administratives :

• Visas : certains pays, comme la Chine ou la Russie, en nécessitent. “Mais nous en avons eu besoin seulement pour la Chine et la Russie, et nous avons pu les demander en cours de route depuis l'Arménie sans avoir eu à les préparer en amont depuis la France !”, précise Bertrand. Si tu souhaites t’engager dans un tel périple, pense tout de même à te renseigner avant de partir !
• Assurance voyage : Bertrand et Marion ont choisi la formule Cap Aventure de Chapka,, une référence pour les voyageurs longue durée : “On était assurés avec l'assurance Chapka Cap Aventure qui nous a coûté 1 200 € par an pour deux. Et on a choisi cette assurance parce que sur le site tourdumondiste, 70 % des personnes interrogées dans un sondage disaient avoir cette assurance et la majorité en étaient satisfaits. Heureusement, nous n’avons pas eu besoin de l’utiliser mais nous en sommes satisfaits”.

Choisir le bon équipement

Pour Bertrand, pas la peine d’avoir un matériel de première qualité : “Je pense qu'il ne faut pas se mettre de blocage sur la capacité physique ou sur le matériel qu'on a. On a croisé plein de gens qui ont fait des voyages hyper longs avec du matériel de seconde main, avec un imperméable qui n’est plus imperméable… Tout est faisable et il n'y a pas besoin d'avoir le meilleur vélo possible ou le meilleur matériel.”

Le couple conseille simplement d’avoir avec soi :

• Un vélo à sa taille, avec des composants standards et réparables,
• Une selle confortable,
• Des vêtements modulables pour toutes les conditions météos.

Mais, à nouveau, ils insistent sur le caractère secondaire du matériel. “L’essentiel est vraiment de vouloir partir à l’aventure !”

Rester flexible sur l’itinéraire

L’un des enseignements majeurs du voyage de Bertrand et Marion est l’importance de rester flexible. Initialement, leur objectif était simplement de partir vers l’Est, sans destination fixe. Leur itinéraire s’est construit progressivement en fonction des rencontres et des conditions climatiques.

Ils ont ainsi parcouru la France, l’Italie, les Balkans, la Turquie, la Russie, le Kazakhstan, la Chine, le Vietnam, la Corée du Sud et enfin le Japon avant de rentrer par le Transsibérien jusqu’en Europe !

Sur place : gérer son budget et bien s’organiser

Gérer son budget

Un voyage au long cours peut être accessible avec un budget bien géré. Pour leur périple, Bertrand et Marion ont dépensé 13 000 € par personne, soit 19 € par jour tout compris La répartition de leurs dépenses par personne :

• 7 € / jour pour la nourriture
• 3 € / jour pour les transports longue distance
• 2 € / jour pour le logement (bivouac, hospitalité, quelques nuits d’hôtel)
• 2 € / jour pour l’assurance et les visas

« Voyager à vélo, c’est souvent moins cher que payer un loyer en France. » - Bertrand

Voyager à vélo avec tente et réchaud, c’est non seulement être autonome pour se déplacer, se nourrir et se loger… mais aussi faire des économies !

Bertrand et Marion racontent avoir bénéficié d’une incroyable générosité tout au long du voyage (“spontanée ou organisée via des réseaux d’hospitalité, comme Warmshowers”).

Ils soulignent aussi l’utilité de connaître quelques rudiments de mécanique vélo pour savoir réparer soi-même les problèmes les plus courants : crevaison, entretien des freins et de la transmission…

© Blobtrotteurs - Marion au Japon : les vélos ne sont jamais très loin...

Les ressources essentielles à connaître

Le couple recommande également plusieurs pépites pour planifier et ajuster son itinéraire en fonction des conditions sur place :

• BRouter : calculateur d’itinéraire vélo très pratique
• OsmAnd : application très complète de navigation GPS
• Warmshowers : réseau d’hospitalité entre cyclistes. Un incontournable de tout voyage à vélo !
• Voyageurs et voyageuses à vélo (groupe Facebook) : communauté francophone d’entraide entre voyageurs à vélo (30000 membres) : matériel, itinéraire, conseils bivouac…
• L'Alibi ~ Aventurier·ères bas carbone et sans avion (groupe Facebook) : communauté francophone d’entraide entre voyageurs bas carbone (2000 membres). “Le gros plus de cette communauté : les nombreuses fiches pratiques collaboratives, partagées sur un drive !”
• Cycling East (communauté WhatsApp) : communauté anglophone d’entraide entre cyclistes actuellement en voyage à vélo (900 membres) sur les routes de la Soie. Ce groupe permet d’avoir des informations très précises et à jour sur divers sujets : frontières, visas, itinéraires, conseils…
• France Vélo Tourisme : guide des itinéraires cyclables en France (“un site très bien fait, idéal pour planifier ses premiers voyages à vélo !”, d’après Bertrand).

Combiner vélo et transports en commun : une expérience hors norme

L’expérience vélo + transports en commun

Voyager à vélo permet d’éviter les sentiers touristiques classiques et d’accéder à des zones rurales préservées : « En sortant des villes très touristiques, on découvre le vrai pays, où les échanges sont naturels et non marchands », explique Bertrand.

Quand la météo ou la géopolitique compliquent le voyage à vélo, les trains, bus et ferries sont d’excellents compléments. Bertrand raconte leur passage au Kazakhstan : « Le train était chauffé au charbon, et les militaires kazakhs, après avoir vérifié nos passeports, se sont mis à chanter “Moi Lolita” d’Alizée ! »

© Blobtrotteurs - Les jolies rencontrent de Marion et Bertrand dans le train Kazakh

Les longs trajets en train leur ont permis de voir des paysages spectaculaires tout en se reposant, comme lors de leur semaine à bord du Transsibérien. Voyager avec un vélo en train demande cependant une bonne anticipation : « Il faut toujours se renseigner en amont sur les politiques d’embarquement des vélos pour éviter les mauvaises surprises. »

Parmi leurs nombreux trajets en train, certains resteront gravés dans leur mémoire, notamment :

• Le Transsibérien : Une semaine entière à bord de ce train mythique, traversant des paysages enneigés spectaculaires.
• Le train kazakh : « C’était un vieux train chauffé au charbon. À chaque arrêt, le chef de train rechargeait les fours et cassait les stalactites sous le wagon avec une barre à mine. »

© Blobtrotteurs - Devant le célèbre Transsibérien, à Moscou !

Pourquoi intégrer le train et le bus à son voyage à vélo ?

Au départ, Bertrand et Marion avaient envisagé un voyage entièrement à vélo. Mais les contraintes climatiques et géopolitiques les ont amenés à revoir leur approche. Traverser certaines régions en plein hiver (-20°C en Russie ou au Kazakhstan) ou éviter les zones de tensions politiques a rendu les transports en commun incontournables.

« On avait cette idée romantique de faire tout à la force de nos mollets, mais on s’est rendu compte que prendre le train ou le bus permettait d’optimiser notre trajet sans trahir l’esprit du voyage. » - Bertrand

Quelques astuces pour transporter son vélo en train ou bus

Prendre un train ou un bus avec un vélo peut rendre le voyage plus complexe, les modalités variant énormément selon le pays, le mode de transport, la compagnie ou même le personnel.

En règle générale, l’emport de vélos dans les ferries, bus et trains régionaux est plus facile que dans les trains à grande vitesse.

© Blobtrotteurs - La diversité des situations rencontrées par Bertrand et Marion !

Certains pays ont des règles précises à suivre. Au Japon, par exemple, les vélos doivent nécessairement être démontés et emballés dans des housses spécifiques pour être embarqués dans des trains grande vitesse. En Chine, les vélos doivent être expédiés séparément par train de fret. À l’inverse, certains pays offrent plus de place à la négociation. C’est par exemple le cas en Turquie ou dans le Caucase. Mais Bertrand tient à te rassurer : « Avec un peu de patience et de négociation, c’est presque toujours faisable. »

Le couple retire quelques leçons de l’expérience :

• Se renseigner en avance : certaines compagnies acceptent les vélos gratuitement, d’autres exigent un démontage ou des housses spécifiques.
• Arriver tôt : plus tu auras de temps pour discuter avec les employés, plus tu augmentes tes chances d’embarquer ton vélo. Et bien sûr, reste avenant et positif : ça peut faire la différence !
• Négocier avec le personnel : dans plusieurs cas, Marion et Bertrand ont dû insister un peu pour embarquer leur vélo (notamment en Russie et en Turquie).

Une chose est sûre, ce périple aura transformé leur vision du monde et des rencontres humaines ! Comme le dit Bertrand : « Voyager à vélo, c’est ouvrir la porte à l’inattendu. C’est une aventure qui fait grandir. »

Pour retrouver les aventures, rencontres et réflexions du couple, rendez-vous sur leur blog de voyage. Aujourd’hui, ils travaillent également à l’écriture d’un livre et participent également à divers événements pour promouvoir le voyage à vélo et l’utilisation des transports en commun plutôt que l’avion. Dernière intervention en date, cette conférence sur les joies du voyage lointain sans avion, présentée lors du festival international du voyage à vélo de CCI. Tu pourras y trouver de nombreux conseils pratiques pour organiser et faciliter tes voyages à vélo et en transports en commun. Et pour suivre leurs actualités, n’hésite pas à t’inscrire à leur newsletter !