À 77 ans, Yves Robert n’est pas seulement trois fois grand-père. Il est aussi et surtout un explorateur hors pair. En 2019, après avoir déjà accompli un tour du monde sans avion, parcouru la France à vélo, traversé des contrées en kayak ou encore à pied, le Vendéen s’est lancé un nouveau défi : s’arrêter dans toutes les gares de France.
5 ans plus tard, le challenge est relevé haut la main, avec au compteur un arrêt dans près de 3000 gares et plus de 29 000 kilomètres parcourus uniquement avec des trains régionaux. Pour notre podcast Je t’offre un rail ?, réalisé en partenariat avec SNCF Connect, il revient sur l’organisation de cette aventure, sur ses anecdotes de voyage et sur son amour pour le train.
“J’ai toujours aimé regarder les cartes, rêver… Le voyage c’est le propre de l’être humain qui est curieux de nature.” - Yves Robert
“Crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus.” Ces mots de Guillaume Apollinaire, ce sont aussi les premiers mots qu’Yves a écrits sur l’un de ses carnets de voyage.
Le projet d’Yves Robert était aussi simple qu’ambitieux : voyager sur l’ensemble des lignes TER en France en s’arrêtant dans chaque gare. Et il s'y est tenu sans compromis. Son exploit en chiffres ?
Un véritable défi logistique : « Certaines lignes ne voient qu’un train le matin et un autre le soir. Cela demandait une préparation minutieuse, avec des fiches horaires et des cartes. »
Mais au-delà de l’aspect technique, l’approche d’Yves est empreinte de poésie. À travers ce défi, il cherchait aussi à comprendre les histoires et les vies qui se cachaient derrière chaque gare, “de la grande Gare de Lyon à la petite gare perdue de Lozère…”.
Originaire de Nantes, Yves Robert (qui partage son nom avec le célèbre réalisateur, tu l’auras deviné) a toujours été animé par un profond besoin d’exploration. Que ce soit à pied, en kayak ou en vélo, il a traversé la France et même le monde entier animé par un même moteur : le goût du défi.
“Mais pourquoi le défi ? C'est un voyage, c'est vouloir partir de chez moi. C’est comme la fois où je suis allé à côté entre Montagelli et Thoiry, et que je me suis lancé le défi de rejoindre la Vendée en kayak, par l'intérieur, alors que je n'ai jamais fait de kayak. Mais je me dis, tiens, ça peut le faire, on va essayer, et c’est comme ça qu’on en apprend”.
Pour Yves, chaque gare est un lieu de passage chargé d’histoire. Il cite par exemple la gare de Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime), « ornée de mosaïques, presque comme un décor d’Istanbul », la gare de Valençay (dans l’Indre), qu’il décrit comme un véritable « petit château », ou encore la gare de Bordeaux avec son immense verrière…
Au-delà de l’histoire des pierres ; il y a celles des paysages et des humains. Car une fois passée l’étape de la préparation, Yves a passé beaucoup de temps sur les rails. Depuis son siège dans le train, il aimait particulièrement regarder par la fenêtre. Et il s'est émerveillé plus d'une fois, de cette gare de Vendée, à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, où il avait l’impression d’arriver à Venise, jusqu'aux paysages de montagne du Train des Merveilles entre Nice et Tende. Sur le retour, le voyage continuait à travers les carnets de voyage qu'il écrivait…
À bord ou sur le quai, il aimait aussi observer les inconnus et imaginer leur vie. Il se rappelle par exemple une scène de vie qui l’a touché dans une gare : un petit garçon qui passait des bras de sa mère et à ceux de son père lors d’un échange de garde d’enfant.
Parfois, les gares lui ont aussi révélé des moments sombres de l’histoire, comme cette gare de La Broque, qu’il a découverte être celle d’un camp d’extermination de la seconde guerre mondiale.
Finalement, même en ne prenant que des lignes droites, ce défi l’a fait emprunter de nombreux chemins inattendus : “Je voulais faire des choses pour me déplacer, aller d'un point A à un point B. Donc, touristiquement, c'est nul. Mais il ne faut pas s'affoler, on voit quand même des choses extraordinaires, même entre deux points qui sont en ligne droite sur une carte de France.”
Après 5 ans sur les rails, terminus de cet incroyable périple le 13 mai 2024 à la gare de Versailles-Rive-Droite. Et ce point final n’a rien d’un hasard : Yves a choisi la plus ancienne gare de France encore dans son état d’origine. Un bel hommage pour l’histoire ferroviaire française : « Cette gare ouverte en 1839 est un témoin vivant de l’histoire du train en France », explique Yves.
Il faut dire qu’avec ce défi, Yves s’est passionné pour l’histoire ferroviaire française :
“C’est en forgeant qu’on devient forgeron, et c’est en prenant le train qu’on finit par s’y intéresser beaucoup. J'ai par exemple découvert qu'avant 1850, pour faire Paris-Nantes, il fallait 6 jours de diligence. Et brutalement, le train a mis 14 heures, c’était une révolution ! Ça a désenclavé des régions entières et rapproché les gens. Soudain, les gens se sont mis à se déplacer.”
À travers ce défi, Yves nous invite surtout à redécouvrir la richesse de ce qui nous entoure. Comme il le dit si bien :
"La France, tout le monde veut y venir, mais les Français ne savent pas toujours à quel point elle est magnifique."
Aujourd’hui, le septuagénaire s’efforce de partager son expérience au travers de carnets de voyage. S’il les diffuse pour le moment à ses proches, il commence à envisager de trouver un jour un éditeur pour les rendre accessibles à un plus large public. « Ce qui est beau, c’est que mes récits permettent à d’autres de voyager par procuration », dit-il en souriant.
Pour contacter Robert : yves-robert@wanadoo.fr. Et pour ne rater aucun épisode et faire le plein d’inspiration avec nos invités, n'hésite pas à t’abonner au podcast sur tes plateformes d’écoute préférées. Merci à notre partenaire SNCF Connect, l'application de référence pour le train et les mobilités durables qui accompagne plus de 15 millions d'utilisateurs dans leurs déplacements en France et en Europe.